Émission du 21 juin 2021
Thierry Ribault, Contre la résilience à Fukushima et ailleurs
La fusion des cœurs de trois réacteurs de la centrale de Fukushima a envoyé dans l’atmosphère une quantité d’êtres radioactifs équivalente à plusieurs centaines de fois l’émission de la bombe à Hiroshima le 6 août 1945 ; 300 tonnes d’eau contaminée s’écoulent chaque jour dans l’océan ; 170 000 tonnes de déchets radioactifs sont entreposés dans 15 millions de sacs poubelles répartis sur 142 000 sites « provisoires » ; dix millions de personnes sont soumises à une exposition de rayonnement ionisant depuis dix ans…
Mais la résilience va régler les conséquences pour les humains : un « Ministre de la résilience nationale » a fait adopter un « Plan fondamental et d’action de résilience nationale » ; Kazuo Furuta, directeur du Resilience Research Center, s’enthousiasme car voici venue l’ère de la super‑résilence, réponse à une crise par laquelle la société peut devenir plus robuste et plus intelligente qu’avant la survenue de l’accident
.
Au Japon, mais aussi dans beaucoup de régions de notre planète, les résiliopathes enjoignent les humains de « renforcer leur résilience » afin de s’accommoder de la dangerosité « inévitable » du monde, surmonter ses catastrophes et surtout ne pas remettre en cause le système qui les a engendrées : résiliez-vous tel est le mot d’ordre !
Notre invité Thierry Ribault, déjà venu présenter le livre Sanctuaires de l’abîme. Chronique du désastre de Fukushima, a mené une enquête approfondie depuis la catastrophe et analysé cette technologie du consentement dans son récent ouvrage Contre la résilience à Fukushima et ailleurs.