Émission du 2 mai 2022
Roland Desbordes : le nucléaire
Énergie « verte » et « durable » pour l’Union européenne, le nucléaire aurait-il le vent en poupe, plus que l’éolien ? Même l’actualité en Ukraine, où pour la première fois des centrales se retrouvent sur un terrain de guerre risquant d’interrompre le refroidissement du cœur des réacteurs, n’inquiète pas certains États qui projettent d’en construire pour éviter la dépendance au gaz russe. Macron II prévoit ainsi 14 nouveaux E.P.R. d’ici 2050, tout en projetant de porter la durée d’exploitation du parc actuel au-delà de 50 ans. Retards multiples, augmentations considérables des coûts sur les chantiers de Flamanville et Olkiluoto en Finlande, récentes fuites radioactives sur l’E.P.R. de Taishan en Chine, n’ébranlent en rien son appui aux nucléocrates. Quand aux déchets les plus radioactifs, particulièrement « durables », le projet Cigéo de « laboratoire » à Bure, destiné à les enfouir à 500 mètres sous terre, est dans la phase d’une affaire de DUP (Déclaration d’utilité publique), en attendant la fermeture finale, prévue en 2150.
Mais l’énergie liée à la fission nucléaire c’est du passé, l’avenir c’est l’Hydrogène, abondant et pas cher ! Il suffit, comme le soleil, de faire fusionner ses isotopes (deutérium et tritium) pour récupérer une énergie phénoménale. Cependant il est nécessaire de créer un plasma de 150 millions de degrés dans une chambre de confinement magnétique. D’où le pharaonique projet Iter (réacteur thermonucléaire expérimental international), financé par de nombreux pays, censé fournir plus d’énergie qu’il n’en consomme d’ici une trentaine d’années. Sur le gigantesque chantier, en cours d’installation à Cadarache, l’A.S.N. (Autorité de sûreté nucléaire) a stoppé pour non-conformité l’assemblage des segments du réacteur, étape-clé et irréversible.
Pour évoquer toutes ces questions nous recevons Roland Desbordes qui participe depuis son origine aux diverses activités du laboratoire indépendant sur la radioactivité Criirad, créé par un petit groupe d’habitants de la Drôme et de l’Ardèche après la catastrophe de Tchernobyl (1986).