Émission du 5 décembre 2022
Rojava : La démocratie sous les bombes
« Femmes, Vie, Liberté », repris aux funérailles de Mahsa Amini dans le Kurdistan iranien, vient à l’origine du Rojava (Nord-Est de la Syrie) où les femmes ont un rôle essentiel dans la révolution en devenir. Les États de la région, et au-delà, sont très inquiets de sa valeur d’exemple : ainsi un écrivain iranien a été condamné à 11 ans de prison pour avoir traduit en persan le livre Petite clef d’un grand but, la Révolution au Rojava.
La société civile organisée dans le TEV-DEM (Mouvement de la société démocratique) a adopté une Charte qui pourrait s’appliquer partout dans le monde : « Sans rien attendre de l’État, les communes cherchent par elles-mêmes des solutions aux questions sociales, éducatives, de santé et d’autodéfense. Elles constituent une société prenant en compte la liberté des femmes, l’écologie et où est instituée la démocratie directe ».
De même, le Contrat Social, adopté en 2016, propose : « Le système fédéral démocratique consensuel garantit la participation égalitaire de tous les individus et de tous les groupes sociaux à la discussion, à la décision et à la gestion collective ».
Mais le contexte de guerre, l’hostilité des États environnants, les traditions (religions, tribus) particulièrement dans les régions à majorité arabe, freinent la réalisation de cet idéal, qu’il est important de confronter aux réalités concrètes du terrain. C’est l’objet d’un récent colloque dont les travaux ont permis la réalisation d’un ouvrage : La démocratie sous les bombes Le Rojava entre idéalisation et répression.
Nous recevons deux de ses contributeurs : Somayeh Rostampur qui étudie comment fonctionne l’alliance entre le mouvement des femmes et le leader charismatique Abdullah Öcalan, et Pierre Bance, qui analyse les pouvoirs et contre-pouvoirs au Rojava.