Le mouvement social en Iran
Nader, compagnon anarchiste d’origine iranienne, est notre invité. Il donne des informations sur l’énorme mouvement social qu’une répression féroce n’arrive pas à stopper.
La mort le 16 septembre, après 3 jours de coma suite aux coups infligés par la police, de Mahsa Amini, jeune femme kurde de 22 ans, a enclenché des manifestations partant de sa ville kurde natale, Saghez, puis s’étendant dans tout le pays. Pendant ses obsèques, le slogan kurde « Femme, Vie, Liberté » a été partout repris, en persan, turc, arabe : il vient des femmes du Rojava combattant Daech.
L’étendue géographique et sociale est sans précédent depuis la révolution de 1979 : les femmes, principales initiatrices, ont rapidement été rejointes par des jeunes, des ouvriers, des syndicats clandestins… Les actions menées simultanément dans plusieurs quartiers et différentes villes compliquent l’action des forces de répression (tirs à balles réelles, chasses à l’homme, arrestations massives) obligées de se disperser entre de nombreux lieux. L’injonction du guide suprême Khaménéi « Qu’on en finisse ! » n’est pas suivie d’effet.
Révolte ou révolution ? Djaafar Azimzadeh, de l’« Union Libre des Ouvriers d’Iran », basée dans le pays mais interdite, écrit dans un article « Insurrection du peuple d’Iran, une grande Révolution historique » : « Cette Révolution aura de gigantesques conséquences non seulement en Iran mais dans tout le Moyen-Orient et même dans le monde. C’est une Révolution pour les libertés et l’égalité. Cette Révolution est celle des femmes, des jeunes, des adolescents, des ouvriers, des enseignants et des écoliers de l’ère informatique et d’échanges d’informations mondiales ».