Émission du 8 novembre 2021
Les impostures de la sociobiologe
Au début, la sociobiologie était juste censée proposer une explication à la question « Pourquoi des animaux vivent-ils en groupe ? ». On a instauré l’hypothèse que c’était une affaire de gènes. À partir de là, la parenté entre les individus donnerait la base de la vie sociale et cette parentèle expliquait l’altruisme apparent des fourmis par la sélection naturelle. Comme le but de cet altruisme est de propager les gènes, la sociobiologie fabriqua une théorie omnipotente et cela sans aucun débat, aucune discussion de fond. Mais comment une théorie sur la vie sociale des animaux a-t-elle pu dominer toutes les sciences et soutenir les thèses d’extrême-droite dans la société ?
Wilson proposa un système de réflexion totalitaire édictant que la civilisation devrait s’approprier les écosystèmes transformés et développer l’industrie. Les conduites étant sélectionnées pour le meilleur des gènes, le scientifique américain suggéra naïvement que la soumission des femmes, leur cerveau plus petit, la puissance des hommes et l’exploitation par les entrepreneurs, la xénophobie, le racisme, l’esprit de compétition, la marchandisation du monde, la monogamie, la foi religieuse et l’instinct de la guerre seraient juste le résultat de la longue évolution des primates. Des conduites adaptatives, naturelles, quoi, empêchant le grand remplacement.
La nouvelle droite européenne s’est vite félicitée de l’objectif des sociobiologistes. Cela aurait pu alerter. Mais depuis lors, une inertie accablante force encore sur toutes les recherches et la sociobiologie et son écologie comportementale ont envahi toutes les sciences jusqu’à la sociologie elle-même.
Il va falloir examiner pourquoi les impostures de la sociobiologie ont pris tellement de puissance dans les sciences, réactivant les idées les plus nauséabondes. D’autant qu’aujourd’hui, Wilson, l’inventeur de la sociobiologie, affirme faire amende honorable. Car la sociobiologie accouche de sa propre réfutation. Aucune des thèses ne tient plus la route.
Nous allons voir comment cette histoire a été construite contre l’émancipation humaine. Mais si la sociobiologie a mystifié le monde, faut-il continuer à laisser-faire ?