Émission du 14 février 2022
Nicolas Trifon, Oublier Cioran & Cie
Roumanie : mélange de nombreuses populations d’origines très variées (une vingtaine de minorités ethniques reconnues), les trois entités territoriales de cette région des Balkans ont subi de nombreux envahisseurs venant de tous horizons (est, ouest, sud et nord). L’empire ottoman, la Hongrie, la Bulgarie, la Russie, l’Allemagne y ont étendu leur influence selon les périodes.
En 1940, la Wermacht occupe le pays sous la dictature d’Antonescu, le parti fascisant de la Garde de fer assassine opposants politiques et juifs. En 1944, l’armée rouge permet la mise en place d’un régime communiste, imposant la croyance que la lumière vient de l’Est
.
En décembre 1989, l’exécution du « conducator » Ceausescu amène au pouvoir ceux pour qui la lumière vient de l’Ouest
, souvent des ex-communistes ralliés au libéralisme.
Aujourd’hui, la Roumanie, pauvre et déshéritée, a adhéré à l’Otan et appartient à l’Union européenne. Dégouté du capitalisme d’État, victime du néolibéralisme triomphant, abreuvé d’une historiographie manichéenne, ce peuple trouvera-t-il les forces pour se révolter, alors que 3 millions ont quitté le pays et qu’une partie détourne leur colère contre certaines minorités et contre les émigrants fuyant les guerres au Moyen-Orient ?
Notre invité, Nicolas Trifon, qualifié de « social-hippie » par le régime stalinien roumain, avait réussi à fuir en France en 1977, où il anima Iztok, revue libertaire sur les pays de l’Est, dont certains textes, traduits en roumain, polonais, hongrois, bulgare ont contribué à diffuser la pensée anarchiste à l’Est. Son récent livre Oublier Cioran & Cie présente des chroniques roumaines, parues dans Le courrier des Balkans, qui apportent des informations et analyses dans de nombreux domaines : social, politique, économique et culturel.