Iran : les femmes dans la lutte
Depuis l’assassinat en détention pour port « inapproprié » de son voile de Jina Mahsa Amini en septembre 2022, l’Iran est secoué par un mouvement de révolte au premier rang duquel se trouvent les femmes et la jeunesse iranienne.
Le mouvement « Femme, vie, liberté » s’incarne dans l’affranchissement de la peur et du contrôle exercés par le régime théocratique, malgré l’extrême répression.
Dès le début de la révolution de 1979, les femmes se mobilisent contre leur exclusion de l’espace public, économique et pour le refus du hijab. Depuis septembre 2022, à la barbe des islamistes et de la police des mœurs, le mouvement défie le régime autoritaire, ainsi que la morale patriarcale et familiale.
Ce printemps 2023, le soulèvement fait voler en éclats les catégories sociales et ethniques : étudiants, travailleurs, Baloutches, Kurdes, diaspora, associations et organisations politiques s’unissent dans un mouvement de contestation où se révèlent les liens tissés sur les réseaux sociaux, une solidarité dans la contestation du pouvoir, occultée par les médias officiels.
Notre programme se décline autour de diverses formes d’engagement dans la riposte contre l’autoritarisme, avec les points de vue de nos intervenantes, artistes et sociologues, sur les questions du féminisme et des minorités, de l’exil, de l’instrument de propagande comme construction politique.
- Hawzhin Baghali, sociologue (Interview de 34 min)
Hawzhin Baghali a soutenu une thèse à l’EHESS sur les Kurdes entre soufisme et salafisme. Elle explique que, depuis la révolution contre la monarchie volée par le pouvoir religieux en 1979, les soulèvements se succèdent pour déstabiliser le pouvoir autoritaire, patriarcal et religieux. Pour elle, la dynamique révolutionnaire actuelle se fait l’écho d’une diversité iranienne avec le rôle des minorités Baloutches et Kurdes notamment. Elle rappelle aussi que la lutte des femmes ne date pas d’aujourd’hui. En 1979, lors de la journée du 8 mars, elles manifestaient déjà contre le port du hijab.
- La photographie documentaire d’Hannah Darabi (Interview de 33 min)
Le pays d’origine de l’artiste iranienne est le sujet principal de son travail photographique.
L’installation Reconstruction propose une lecture alternative des archives des révoltes dans une iconographie qui met en perspective les répressions et les instruments de propagande politique. L’installation est exposée au centre Pompidou, niveau 4 galerie 32
Invitées en direct :
- Somayeh Rostampour, sociologue, a soutenu en 2022 une thèse à l’université Paris VIII sur les femmes combattantes kurdes du PKK. Spécialiste des questions de genre, elle décrit la révolte actuelle comme intersectionnelle avec un regard sur les groupes sociaux, les sexes et les peuples dans la lutte.
- Mariam Azad, artiste plasticienne, travaille sur l’art politique et social. Autrice de Blue Girl, un recueil paru aux éditions du Carnet d’Or, dans la collection Elles. Cet ouvrage rend hommage à Sahar Khodayari, une jeune femme qui s’est immolée en 2019 en Iran.
- Sajedeh Sharifi, photojournaliste. Les séries photographiques de Sajedeh Sharifi mettent en image l’exil des femmes iraniennes, en diaspora comme dans leur propre pays, et le récit d’une double identité entre espace publique et modernité, à travers le portrait documentaire comme articulation entre esthétique et émancipation.
Ses photographies seront exposées au festival Visa pour l’image en septembre 2023